vendredi 8 avril 2016

VENEZUELA - Passage de la frontière, région de Gran Sabana


De Boa Vista, au Brésil, on s'est dirigé vers la frontiere Vénézuelienne, Santa Elena de Uairen. On a encore pris un bus pour arriver dans un bled frontalier côté Brésil. De la, on nous dit qu'il faut passer la frontiere a pied, soit plus ou moins 2 km...

Adrien, notre pote franco vénézuelien nous a bien dit que la vie au Vénézuela ne coute vraiment pas cher si on entre avec des dollars ou des euros et qu'on change au marché noir. On a donc anticipé et profité d'être au Brésil pour trouver des dollars. Pour assurrer nos arrieres, on retire de l'argent bresilien avant de passer la frontiere...on ne sait jamais!

On appréhendait beaucoup ce passage de frontiere, vu le discours alarmiste de l'ambassade de France, mais franchement tout s'est passé comme sur des roulettes et on n'a eu aucun probleme. On a d'abord été au poste brésilien qui nous a tamponné notre sortie du territoire, puis on a marché 1km dans un espece de no mans land jusqu'au poste frontalier vénézuelien. On a pas pris de photos pas a l'aise au point de sortir l'appareil...ne pas donner le baton pour se faire battre! Globalement, au Vénézuela, on sortira peu l'appareil photo, ou seulement dans des coins tranquille. Désolé, tres peu de photos de la vie quotidienne et des villes du coup!

Sur la route rectiligne entre ces 2 postes frontiere, une dizaine de mecs portant de grand chapeaux (le soleil tape fort) t'accoste pour changer de l'argent. Taux de change: 1  dollar ou 1 euro = 800 bolivares. N'ayant aucun bolivares, on change un peu, même si on n'est pas tres a l'aise de le faire comme ca a l'arrache. Je vous raconte pas le nombre de billets quand on change 100 dollars puisque le plus gros billet vénézuelien est de  100 bolivares!  


Dans ce no man's land, il n'y a qu'une station service avec une longue queue de voitures...forcément, 1 litre d'essence au Vénézuela coûte 70 centime de bolivar...je vous laisse faire le calcul en euro...c'est juste rien du tout, et tous les brésiliens traversent la frontière pour faire le plein! 

On arrive au poste vénézuelien apres une bonne marche sac au dos. C'est dans un préfabriqué qu' on se fait tamponner tout simplement notre date d'entrée...Ca y est, on est au Vénézuela! Plus de peur que de mal! 

Une autre histoire est de se rendre jusqu'a Santa Elena de Uairen! On est au milieu de rien et il n'y a pas de bus! On se fait prendre en stop par des jeunes vénézueliens qui travaillent au Brésil mais passent régulierement la frontiere pour faire des achats ou tout simplement déjeuner pas cher. Dans la voiture, avec le conducteur, on parle des horribles attentats de Paris le 13 novembre 2015. S'il déplore tous les morts, il pense que la France a mérité ce qui s'est passé, qu'elle récolte ce qu'elle a semé et qu'une telle violence est compréhensible quand on voit a quel point la France met le nez dans les affaires d'autres pays sous couvert de faire respecter la paix ou de vouloir libérer un peuple d'une dictature.  Il nous dit " Il y a autant voir plus de mort chaque mois au Vénézuela,  que pendant les attentats a Paris, a cause des cartels et de la drogues. Mais personne n'en parle parce que le Vénézuela n'est pas un pays riche qui "compte" et parce que la violence quotidienne ca n'interesse pas les médias car c'est toujours pareil, il leur faut du scoop..."  Je suis assez choquée. C'est la premiere fois que j'entend un tel discours. Jusqu'a présent, je n'avais entendu que des avis  franco francais sur ces attentats. Ca fait pas mal réfléchir et relativiser. On entendra ce discours a d'autres reprises, il semble que c'est le discours typique d'un vénézuelien  qui vit dans un pays en voie de développement sujets a de nombreuses problématiques de violence quotidienne dont on ne parle presque jamais.

A Santa Elena de Uairen, on se renseigne sur ce qu'il y a a faire dans les environs. Tout proche, le parc national Gran Sabana,  le Parc national Roraima et la plus haute cascade du monde, 900m, Salto Angel. On est  un peu dégoutés car on réalise que les trucs de touristes au Vénézuela sont super chers. 200€ le trip de 4 jours dans le Roraima, car il faut payer jeep chauffeur guide bouffe etc...le même prix pour 1 jour a Salto Angel car il faut payer guide avion (!!!) et bateau...C'est juste hors de notre budget, on a prévu 400€ chacun  pour 3 semaines. Tant pis, on va profiter des autres balades, rivieres, et cascades qui ne manquent pas dans les environs!

On se dirige donc vers la cascade Jaspe en taxi collectif... La, une communauté indienne s'est installé et vend pour rien du tout des bijoux réalisés avec des graines trouvées dans la forêt tropicale des alentours...on se prive pas, ca nous fait plaisir et ils n'ont franchement pas l'air de rouler sur l'or...

Des enfants de la communauté indigène jouent avec des pneus.

 








 


On bouge jusqu'a un petit bled sympa qui s'appelle San Francisco Suruape. De la, on peut accéder facilement a pied a différentes jolies cascades. 

On va donc a une magnifique cascade, Arapena.

On fait du stop sur la route...et ca marche!
Au loin on apercoit les monts du Parc Roraima








Au retour, on apercoit le plus haut mont du Roraima

On va aussi faire une escapade vers une autre cascade dont je me rappelle plus du nom mais tres jolie aussi et surtout on s'amuse bien car on peut la descendre sur les fesses!





On bouge de San Francisco pour se rendre au village de Kama, un petit bled ou on espere choper un bus pour se diriger vers Ciudad Bolivar et le delta de l'orinoque.

Le bled est rikiki, il n'y a aucun commerce. On a du mal a penser qu'un bus va s'arrêter la. En attendant l'horaire supposé de passage du bus, on va a la cascade du même nom que le village...splendide!




A la cascade, on rencontre un couple de vénézuelien qui fait du tourisme ( il y en a peu!). Sympas, on leur demande s'ils peuvent nous rapprocher jusqu'a ce qu'on pense être un plus gros bled ou on chopera le bus. Ils acceptent mais s'arrêtent avant, pour voir une autre cascade. Ils nous laissent donc a cet endroit qui comporte aussi une station essence. On attend le bus qui ne passe pas. Chaque fois qu'on demande des infos sur les horaires de bus, on a une réponse différente. Il faut du temps pour voyager sans bagnole au Vénézuela! 

Finalement on se fait prendre en stop par une autre voiture. Le mec est bien remonté contre le gouvernement actuel, Madeiro qui a remplacé Chavez. Il nous dit a quel point le gouvernement est corrompu. A titre d'exemple, il nous raconte que le fils de l'épouse de Madeiro a été arrêté en possession de quantités de drogue mais qu'il n'a eu absolument aucune sanction. Autre exemple, le gouverneur de la region de Gran Sabana est en réalité le leader de la drogue dans le coin. Il en a vraiment marre et est bien content que le résultat des élections législatives soit un succès pour l'opposition qui rafle la majorité des sieges. Il espere que le changement est proche.

Il nous dépose dans un endroit ou il y a, parait il, un arret de bus ou bien ou l'on espere choper une voiture qui nous prendra en stop jusqu'a Ciudad Bolivar. Sauf que l'endroit est une unique route au bord de laquelle il a un camp militaire. Il n'y a que ca! On n'est pas du tout a l'aise au début. Les militaires nous voyant faire du stop viennent nous voir pour savoir ce qu'on fait, ou on va etc. Ils arrêtent toutes les voitures,  les fouillent et demandent les papiers. En fait super sympas, a chaque voiture qui s'arrêtent ils demandent pour nous ou elle va afin de nous aider! Pas de chance, aucune ne va dans notre direction. Il est midi, on nous dit qu'il y a un bus qui passe vers 15h, on prend donc notre mal en patience. On bouquine, on papote avec les militaires qui sont tous tres jeunes, a peine sortis de l'adolescence. Ca fait un peut fliper de les voir avec des armes gros calibre! On tente de jouer au frisbee a côté de la route mais devant un camp militaire ca le fait pas trop et on se fait vite remettre en place par les militaires. On est priés de rester discret et tranquille! A 15h, le bus ne vient pas. On nous annonce finalement qu'il viendra a 20h. A 20h toujours rien et on se les pele, il y a pas mal de vent et la nuit tombe. Pour se réchauffer et passer le temps, je sors la petite bouteille de pastis que les copains m'ont offerte.Qu'est ce que ca fait du bien !
SANTE et MERCI les amis!
Le bus ne viendra pas a 20h. On commence a avoir sérieusement la dale, on a rien a manger et il n'y a aucun magasin dans le coin! Sympa, un militaire nous apporte 2 cafés bien chaud et on lui donnera des sous pour qu'il nous achete un paquet de chips dans le magasin du camp. La nuit, un va et vient de voiture commence dan le camp militaire...on s'apercoit que celui ci fait office de station essence la nuit! Original!

A 22h, un bus arrive enfin, mais il est blindé, impossible de monter dedans. On commence a penser qu'on va dormir la! A minuit, un autre bus arrive, blindé aussi, mais on ne veut pas dormir la alors on monte dedans. Sauf qu'il n'y a plus de places assises. Ceux qui sont assis dorment et il fait tout noir dans le car. Je trouve tant bien que mal un peu de place sur les marches de l'escalier et Nico s'assoit par terre devant les toilettes. Sympa! On a chacun nos 2 sacs entre les jambes et on est entourés de jeunes blacks pas l'air comode qui reviennent surement du Brésil ou ils travaillent. Ca loupe pas, je sens derrière moi qu'on tente de me faire les poches. Rien dedans heureusement, mais ca annonce une nuit agréable ou je me réveille au moindre effleurement de mon sac... On a 12h de trajet comme ca jusqu'a Ciudad Bolivar ou on arrive au petit matin...Dans le car trop chou, Nico me souhaite bon anniversaire en m'offrant un joli bracelet en graines rouge de la foret...j'avais zappé mais oui, on est le 8 décembre, ca y est j'ai 30 ans, mais j'ai surtout pas fermé l'oeil de la nuit

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